L'internet des robots

En passant de l'Internet des objets à celui des robots on entre dans l'univers de Skynet mais sans forcément les conséquences dévastatrices.

Parce que le cinéma aime faire peur, et sans doute le public se laisse entrer dans le jeu, mais la réalité rejoint rarement ce que les films de science-fiction ont imaginé.

L'internet des choses est vu par les entreprises comme une des grandes activités d'un avenir immédiat et Microsoft par exemple, qui a raté le train des mobiles, ne veut pas rater ce nouveau développement technologique et propose une version de Windows qui fonctionne sur les objets connectés, Windows Embedded Compact. Elle travaille sur une nouvelle version plus légère encore et elle veut aussi que sa plateforme Azure permette aux objets de se connecter au cloud et y recueillir des données fournies par des millions d'autres objets connectés.

Internet des robots

Tous les appareils tendent à devenir intelligents: voiture, montres, thermostats, appareils ménagers, etc... Et on s'active à créer des protocoles pour gérer la communication entre ces objets et Internet: comment les reconnaître et donc les catégoriser, comment les connecter, comment échanger les données, comment gérer les capteurs et autres moyens de perception pour utiliser les données qu'ils recueillent et les transmettre par le cloud.

Lorsque les objets en question sont des robots, on entre alors dans une autre dimension. Il ne s'agit plus seulement de commander son robot à distance à partir d'un mobile comme on peut le faire pour un simple robot de surveillance ou d'arrosage du jardin. Il s'agit de permettre aux robots d'acquérir du savoir faire et des connaissances en partageant leur expérience avec tous les autres robots connectés.

Apparemment les gouvernements voient un intérêt dans cette communication entre robots puisque l'Europe finance un projet pour en développer la technologie, RoboEarth. Si ce projet parvient à son but, en 2018, un autre Internet existera parallèlement à celui des hommes, dédié exclusivement aux machines. Une autre initiative, privée elle (fondée par Google, Microsoft, Qualcomm et autres), Robo Brain, a un but similaire: développer sur le cloud une intelligence artificielle à laquelle les robots peuvent se connecter pour obtenir des information et à laquelle ils transmettent leur expérience. Elle observe aussi les humains pour obtenir des informations.

Donc les machines pourront tout comme les humains s'enrichir de l'expérience des autres, partager leurs algorithmes et apprentissages. Y aura-t-il des forums en langage machine où les robots pourraient poser des questions et recevoir différentes réponses d'appareils de types différents? Cela est tout à fait envisageable si l'on définit un langage conçu pour des machines, différents de ceux des humains, où méthaphores et autres ellipses n'existent pas. Les robots ont besoin d'un langage simple et sans ambiguité (alors que les juristes n'ont besoin que d'un langage sans ambiguité apparemment).

Il semble qu'un tel langage ait été proposé par RoboEarth conçu spécialement pour permettre aux robots d'échanger des connaissances. Et notamment:

  1. Décrire les tâches qu'ils ont apprises.
  2. Les modèles d'objets qu'ils ont créés.
  3. Les environnements qu'ils ont explorés.

Notons que c'est plus au moins ce que l'on peut faire dans un jeu en 3D moderne et qu'il y a sans doute une synergie à exploiter ici.

Le système de RoboEarth se base sur KnowRob, un framework de traitement de connaissance pour les robots et que l'on peut utiliser avec la plateforme ROS. Il utilise des représentations basées sur des contraintes et une base de connaissance sémantique, se programme avec le langage Lisp, conçu pour l'intelligence artificielle (mais pas très récent).

En gros les technologies impliquées dans le système sont des procédés de formalisation que l'on connait depuis des décennies. Il y a certainement d'autres voies à explorer, par exemple avec un langage permettant l'apprentissage comme le fait le cerveau humain. On en reparlera.