Résoudre le paradoxe de Moravec

Le plus difficile en robotique est souvent ce qui est le plus facile pour l'homme. Paradoxe.

Le paradoxe énoncé par Hans Moravec, de l'institut de robotique de Carnegie Mellon, est que s'il est souvent facile en combinant des éléments simples de parvenir à des résultats sur le plan de la logique, du calcul ou du comportement, il est par contre très difficile d'obtenir d'un robot qu'il sache reconnaître des objets, le language, se doter de sens. Or ce sont choses qui sont naturelles à l'homme et qu'il fait sans même en avoir conscience.

Un environnement pour le robot

Ce paradoxe est plus crucial encore quand on le rapporte aux fonctions cognitives selon l'âge d'une personne. Ce que seul un adulte sait faire, suivre des raisonnement, exécuter une stratégie, l'intelligence artificielle y parvient depuis longtemps, mais le robot à du mal à simuler ce que peut faire un petit enfant dès qu'il s'agit d'interagir avec des objets, se déplacer, reconnaître une personne, associer des souvenirs ou un apprentissage à une situation.

Ce n'est pas sans inconvénients. Il pourrait devenir plus facile de remplacer des analystes que de simples ouvriers. On pense par exemple à cet informaticien qui a mis au point un algorithme pour écrire un livre sur n'importe quel sujet et a déjà commencé à vendre des ouvrages générés automatiquement sur Amazon...

Le problème donc qui se pose est de parvenir à résoudre le paradoxe, car il serait gênant que les machines prennent les postes intellectuels tandis que les hommes seraient limités à accomplir les tâches manuelles, et rempliraient vis à vis des machines le rôle qu'ont les animaux vis à vis des hommes! En d'autres termes, il faut trouver les éléments simples que l'on pourra combiner pour créer des fonctions de reconnaissance des formes, de locomotion, de préhension, de réaction appropriée à une situation.

Une première piste pour la solution de ce problème se base sur le paradoxe lui-même, tel que décrit par Moravec (en résumé).

Le cerveau humain à encodé des millions d'années d'évolution sur la nature des choses et comment vivre avec. Le procédé que l'on appelle raisonnement n'est efficace que parcequ'il est basé sur le savoir sensorimoteur, plus vieux, plus puissant bien qu'inconscient.

Moravec nous rappelle que l'intelligence s'est développée sur la base de l'intelligence animale faite pour l'action dans un milieu. Ce n'est donc pas avec des algorithmes que l'on pourra faire agir des robots mais par l'évolution et donc par l'apprentissage. Et tout aussi important, l'intelligence n'est possible que si elle se développe en interaction avec un milieu.

On ne doit donc pas tenter simplement de construire des robots, mais plutôt construire des ensembles composés d'une part de robots androïdes, des humains artificiels et d'autre part d'objets artificiels représentant les objets de notre environnement, mais conçus pour être facilement appréhendés par l'intelligence en développement du robot.

Par Denis Sureau le 17 décembre 2012.